Marcus
Hönig
4e
de couverture :
Chaque
matin se recomposait la ligne de force du foyer, cathédrale vivante
aux rythmes bigarrés. Du salon parvenaient les habituelles insultes
et menaces. Vicky restait calme. Calme et belle dans ce tumulte
cacophonique, dans cette forêt d’âmes, dans ce bouquet de vies.
Mon
avis :
Continuer
d’aimer est un roman
singulier dont l’action se déroule dans un univers particulier :
celui d’un établissement d’accueil pour personnes handicapées.
Pas handicapées physiquement, mais endommagées psychiquement,
dirais-je, pour essayer de me rapprocher de la vérité de ce roman
aussi truculent que déconcertant.
Déconcertant,
en tout cas pour moi,
parce que je me retrouve
projeté dans un monde que je connais peu, celui des gens dit
« fous ». Du moins est-ce le
terme générique qu’on leur donnait,
avant que le politiquement correct vienne faire le ménage dans notre
vocabulaire ! Dans ce
refuge, le personnel encadrant est presque aussi « dérangé »
que les personnes accueillies… à tel point qu’on se demande
parfois qui est qui ! Mais c’est aussi ce qui rend ce roman
attachant,
cette zone grise où la
vérité n’est pas telle que nous pensons la connaître. Et c’est
également cette folie des
gens « normaux »
qui permet de donner au récit cet humour sans lequel certaines
situations tourneraient au sordide.
Déconcertant
également parce qu’une fois ce livre refermé, il me reste une
impression
un peu brumeuse, à l’image
de cette fameuse zone grise dont je parlais. Cela ne tient pas à
l’histoire : elle est bien construite et l’on en suit
facilement le déroulement, malgré quelques retours en arrière qui
ne brouillent rien, mais au
contraire, apportent un
éclairage plus précis
sur l’un des personnages. De plus, le style est agréable et
l’écriture, si elle ne
fait pas crier au génie, n’appelle pas de reproche quant à la
maîtrise de la langue. Ce
sentiment de flou vient plutôt
des protagonistes : le pivot de ce roman reste sans aucun doute
Annie ; tout tourne autour de son histoire, passée et présente,
mais un autre personnage (Vicky) joue un rôle important, voire
primordial, puisqu’elle est également le mât de soutien de tout
cet édifice, c’est-à-dire du foyer d’accueil, et de l’histoire
elle-même. C’est
d’ailleurs la seule évoquée dans le résumé…
Or, je trouve que Vicky n’a pas reçu le traitement qu’elle
mérite. On connaît d’elle
quelques détails, mais elle manque d’épaisseur, de points
d’accroche.
C’est
peut-être un choix délibéré de l’auteur, de la laisser comme
cela, personnage un
peu éthérée, espèce
d’entité bienveillante, ange gardien discret… mais pour ma part,
Vicky est à l’image de l’ensemble (ou est-ce le contraire ?)
Je veux dire que le message reste pour moi un tantinet sibyllin,
comme un tirage du Yi King… On en comprend les grandes lignes, mais
le fond reste indéterminé.
Au
final, j’ai l’impression d’avoir passé un joli moment de
lecture, mais l’image s’estompe rapidement pour ne laisser qu’un
sentiment d’incertitude. Néanmoins, c’est un livre que je
conseillerais volontiers, pour cette
galerie de personnages baroques et le message très positif qu’il
renvoie, même si celui-ci manque un peu de corps à mon goût.
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