Jean-Michel
Cohen-Solal
4e de
couverture :
Dissolution
raconte un singulier témoignage qui referme le rideau de notre
civilisation moribonde avant l’inéluctable, la fin de la vieille
Europe et l’élection du Front national.
Dissolution
est une œuvre engagée : la très forte irruption du réel dans
la fiction est réfléchie, et la fin est brutale pour dire
l’absurdité d’un monde à reconstruire.
« La
poésie chante dans le cœur de Jean-Michel Cohen-Solal, écrit
Nicole de Pontcharra dans la postface de Dissolution,
peut-être aussi le souvenir des Mille
et Une Nuits. »
Mon avis :
J’ai
reçu récemment le livre de Jean-Michel
Cohen-Solal,
en service presse, et le thème abordé, la description de l’ouvrage
m’ont convaincu de l’urgence d’en parler, en ces temps où la
bêtise et l’ignorance préparent
le lit pour le retour de la bête immonde.
Écrit
en 2015, ce roman d’anticipation prend aujourd’hui une autre
dimension avec l’élection de Donald Trump aux États-Unis et
les sondages, en France, de plus en plus favorable au Front national.
Si
l’histoire D’Antoine Brown, jeune professeur new-yorkais engagé
par l’ONU pour une mission à Paris, reste du domaine de la
fiction, elle repose cependant sur une solide analyse de la politique
et du système éducatif. Comme le souligne l’auteur, l’irruption
du réel dans la fiction est forte, à tel point qu’on se demande
si ce qu’il raconte n’est pas en train d’arriver. On ressort de
cette lecture avec l’impression d’avoir pris une claque en pleine
figure, et c’est peut-être ce qui en fait tout l’intérêt. En
ce sens, je dirais qui cet ouvrage a quelque chose de salutaire, sur
le fond.
Sur
la forme, par contre, je suis un peu plus sceptique…
Nicole
de Pontcharra
souligne la poésie qui transparaît dans le texte de Jean-Michel
Cohen-Solal,
et c’est vrai qu’il a cette faculté de nous faire voyager dans
les rêveries de ces personnages, brossant des tableaux empreins de
douceurs et de beautés, un peu à la manière des peintres
impressionnistes… mais d’un autre côté, l’esprit de l’auteur
se laisse aller à errer dans ses songes, et l’on a parfois du mal
à suivre le cheminement de sa pensée qui
vagabonde d’un sujet à un autre sans toujours de liens évidents.
Du moins, dans la première partie. Le reste du récit est plus
structuré, le
personnage se
retrouvant lui-même
assujetti à des règles strictes.
Mais
la poésie n’est pas toujours là ! Il
y a aussi de vrais
morceaux
d’analyse
sociologique et politique, et si cela passe très bien dans les
dialogues, dans d’autres passages,
le
ton se montre parfois un peu trop « universitaire »,
manquant de spontanéité. Une façon de faire entrer le réel dans
la fiction moins efficace,
parce
que moins bien intégrée.
D’aucuns
m’objecteront que si le récit est bon, cela ne doit pas gâcher
notre lecture… En effet ! Ce sont plutôt ces quelques phrases
mal bâties, relevées en divers endroits, qui s’en chargent. Si
une locution à la construction peu rigoureuse est déjà agaçante
sous la plume d’un primo-écrivant n’ayant pas forcément suivi
un cursus littéraire, que dire lorsqu’elle émane de celle d’un
universitaire ? Certes, il y en a très peu, et le reste est
plutôt de bonne facture − on apprécie notamment une
ponctuation au cordeau −, mais c’est justement ce contraste
qui rend ces erreurs aussi discordantes.
Malgré
tout, pour son approche hyperréaliste et sans concession d’un
sujet qui n’a jamais été aussi brûlant, ce petit roman (160
pages) est à lire d’urgence. Jean-Michel
Cohen-Solal,
avec
Dissolution,
nous rappelle combien notre idéal de fraternité est fragile, et
combien l’engagement devient
nécessaire face à la montée des partis de la haine et de la
xénophobie d’un côté, et des fanatismes religieux de l’autre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire