Philippe
Djian
4e
de couverture :
Tout
commence alors que Myriam est encore adolescente. Extrêmement
introvertie, elle vit chez son père qui l’a élevée seul. La mort
de leur voisine fait débarquer dans le quartier un homme d’une
quarantaine d’années, Yann, qui très vite devient son amant.
Peu
après, les voici mariés et Myriam se libère de ses inhibitions de
jeune fille.
Elle
accouche d’une petite Caroline, sans éprouver aucun sentiment
maternel. Et quand son frère et sa mère réapparaissent dans sa vie
pour se disputer l’héritage paternel, Myriam tranche la question
en incendiant la maison de son enfance.
Drogue,
amants, maîtresses, confusion des sentiments. Ce roman, chronique
d’une émancipation borderline, raconte une vie hors des codes,
entièrement construite à la faveur de rencontres. On croit tout
savoir de Myriam, mais peut-être nous a-t-on caché l’essentiel ?
Mon
avis :
Ça
faisait un bon paquet d’années que je n’avais pas ouvert un
roman de Djian, un auteur que j’ai pourtant suivi assez
longtemps, dans les années 80 et 90. C’est donc avec le même
plaisir que l’on ressent en retrouvant une friandise de son enfance
que j’ai ouvert Dispersez-vous, ralliez-vous…
Dans
le cas de la friandise, on se rend parfois compte que le souvenir a
grandement enjolivé la réalité. Pour un roman, la déception peut
être du même ordre, à quelques nuances près. Certes, avec ce
livre, j’avais bien affaire à du Philippe Djian : un
récit axé sur les relations humaines, des descriptions esquissées
d’un trait vif et nerveux, des phrases courtes, épurées… Une
volonté d’aller à l’essentiel.
Sauf
qu’ici, l’essentiel se décline à l’imparfait du subjectif !
À force de trop vouloir suggérer plutôt que décrire, le flou
artistique se fait brume d’où émerge parfois des fragments qu’on
a du mal à relier à la géographie de l’ensemble.
L’essentiel,
on nous en parle, en 4e de couverture, nous laissant
penser que justement, on nous l’a peut-être caché… Du moins
celui qui concerne le personnage principal, Myriam. Effectivement, on
ne sait pas grand-chose d’elle, et si on la voit passer
d’adolescente à femme, puis mère, à moins qu’elle ait été
mère avant que d’être femme, on apprend pratiquement rien, comme
si finalement, ce qui fait son histoire n’a aucune importance.
Depuis Lent dehors (1991) l’auteur a travaillé a poncé son
style, à en chasser tout superflu pour n’en garder que le cœur.
On dirait qu’ici, il a donné le coup de lime de trop. J’ai dans
mon entourage une personne très âgée qui, bien qu’ayant encore
toute sa tête, mélange parfois ce qu’elle pense et ce qu’elle
dit… Elle lance parfois une remarque sur quelque chose dont elle
n’a pas parlé avant. Ce n’est pas toujours facile de tenir une
discussion. La lecture de Dispersez-vous, ralliez-vous m’a
fait exactement le même effet : les idées sont dispersées, on
a du mal à les relier entre elles, et ça, ce n’est pas fait pour
rallier les lecteurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire