Patrice
Quélard
4e
de couverture :
En
ce début de XIIIe
siècle, l’hérésie cathare gagne du terrain en Occitanie. Pour la
contrer, les légats du pape n’hésitent pas à disputer le terrain
aux bons
chrétiens,
ministres du culte hérétique, qui ont bien souvent la faveur du
peuple.
Cet
affrontement se déroule d’abord sur le terrain idéologique, et
les joutes restent essentiellement verbales… Mais pour combien de
temps encore ?
Au
même moment, à Toulouse, le marchand Jean Taillefer et sa fille
Poncia mènent une lutte beaucoup plus prosaïque : ils veulent
le monopole sur la draperie de luxe.
Les
destins de plusieurs témoins et acteurs de cette époque troublée
s’entrecroisent, se mêlant à l’histoire de certains des
célèbres protagonistes de l’inexorable tragédie qui a déjà
commencé à se nouer.
Disputatio
est la première partie d’un cycle qui traverse les prémices et le
début de la croisade contre les cathares.
Mon
avis :
Depuis
Fratricide, je connaissais l’inclination de Patrice
Quélard à regarder le monde sous plusieurs angles.
Généralement, cela décuple l’intérêt en promettant un récit
enrichissant et bien documenté. Dans Disputatio, cette
promesse est largement tenue. C’est à travers les regards de
religieux catholiques, de « bons hommes » cathares et de
laïcs de toute origine, seigneurs, riches artisans ou bandit de
grand chemin que nous traversons ce début de XIIIe siècle
dans les terres occitanes. Beaucoup de monde, en vérité, et cela ne
facilite pas l’immersion. Mais qui a dit qu’une lecture devait
forcément être facile ? C’est vrai, quand il n’y a que
deux ou trois personnages principaux, il est aisé de s’identifier
à l’un ou l’autre, d’autant plus si cet un ou cet autre
représente une espèce de parangon, un archétype de l’humain
parfait ou presque… Mais ce n’est pas le propos de l’auteur !
Bien sûr, pour notre plus grand plaisir cette tranche de la grande
Histoire est en partie romancée. Patrice Quélard y fait
intervenir des personnages fictifs, mais ceux-ci sont aussi, en
maintes occasions, au cœur de situations ayant bien eu lieu, en
compagnie des personnalités qui les ont réellement vécues. Le fil
rouge de l’histoire est, vous l’avez compris, l’opposition
entre les catholiques et les partisans de la pensée cathare, et
chaque partie, sur cette même partition, va faire entendre sa voix,
développer son argument. Personne ne détient la vérité, ou
plutôt, tous ont leur propre vérité et chacun désire la voir
triompher. Cette lutte entre les puissances féodales et l’hégémonie
de l’église de Rome déborde largement les principaux intéressés
puisqu’elle se répercute directement sur la vie de tous, de la
plus humble main ouvrière jusqu’au plus riche marchand, en passant
par les seigneurs et leur cour, la soldatesque et les routiers sans
foi ni loi.
Comme
je l’ai dit plus haut, les personnages sont nombreux et ce choix
narratif retarde le moment où l’on va avoir le sentiment de bien
les connaître. Cela peut éventuellement décourager certains
lecteurs, mais ils auraient tort de ne pas persévérer : ces
personnages, imaginaires ou ayant existé, ont tous une personnalité,
un caractère parfaitement décrit et chacun apporte sa pierre à
l’édifice. En les faisant vivre d’une plume brillante et
enjouée, Patrice Quélard témoigne avec une grande
intelligence et sans parti pris d’une période de l’Histoire qui,
si l’on est resté au niveau collège ou lycée dans cette
discipline, est assez mal connue. Et comme il le fait avec une
élégance tout à fait réjouissante, on se cultive avec plaisir, et
moi, je n’ai plus qu’une hâte, c’est de lire enfin la suite.
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