Marion
Zimmer Bradley
Traduit de l’américain par
Régine Vivier (Marée montante) et P.J. Izabelle.
4e de
couverture :
Marée
montante :
les astronautes du « Homeward », descendants de
l’équipage naufragé du « Starward », premier vaisseau
stellaire, ont réussi leur retour d’Alpha du Centaure vers la
planète-mère, la Terre, après cent-trente années ! Mais ils
ont voyagé à une vitesse supérieure à celle de la lumière et,
contraction du continuum espace-temps oblige, en « temps
objectif », cinq siècles ont passé… La Terre a bien
changé ! Ils s’attendaient, certes, à voir leurs techniques
dépassées par les progrès réalisés pendant tout ce temps, mais
pas à ce monde incompréhensible où le véritable progrès, celui
de l’épanouissement de l’homme, a cruellement démodé leurs
mentalités primitives et barbares.
La
science-fiction n’a pas seulement prévu longtemps à l’avance la
bombe atomique et la conquête spatiale, elle a aussi imaginé les
« mères porteuses »… Mais sur Mégarée (Thêta du
Centaure IV), le problème est plus complexe que celui que nous
connaissons : les Centauriens − et surtout les
Centauriennes − ont subi des mutations qui les rendent
différents des Terriens et un mystère entoure la naissance de leurs
enfants… Écrite il y a plus de trente ans, La
Rhu’ad
n’a pas pris une ride et reste un chef-d’œuvre d’originalité
et de sensibilité.
Oiseau
de proie
est un récit à rapprocher des histoires d’aventuriers de l’espace
imaginées par Catherine
Moore
et Leigh
Brackett.
Une « série noire » galactique avec des bouges où se
côtoient des hors-la-loi de toutes les races (humaine et non
humaine) et où les 7.65 sont remplacés par des « jouets »
programmés pour tuer…
Mon avis :
Si
la dernière nouvelle de ce recueil (Oiseau
de proie)
est du pur « entertainement », ou, pour le dire en
français, de la littérature de distraction, les deux premières
abordent des thèmes qui invitent à la réflexion. Et si Marée
montante,
d’une façon plus généraliste, oppose
le progrès technique et scientifique à l’évolution humaine, La
Rhu’ad
est sans doute le texte le plus personnel et le plus représentatif
des préoccupations de l’auteure. Et de son engagement, car si on
la
remet dans le contexte de l’époque, cette nouvelle, parue en 1954,
avait largement de quoi bousculer les idées reçues d’une société
dans laquelle la femme n’avait guère le droit à la parole sur des
sujets qui la concernaient pourtant au premier degré. La
plume de Marion
Zimmer Bradley
touche juste, avec une belle élégance et une finesse loin des
standards de la S.F. masculine de l’époque.
Ce
recueil est paru en 1987, donc la quatrième de couverture n’est
plus vraiment à jour ; ce n’est pas 30 ans, mais plus de 60
qui nous séparent de
l’écriture de La
Rhu’ad,
et
cependant, même si certaines choses ont évolué, ce texte riche et
sensible garde toute sa puissance d’évocation, tant le sujet qu’il
aborde − les mères porteuses − n’a pas fini de
provoquer des polémiques.
Vous
l’aurez compris, c’est ce second texte dans l’ordre de
présentation qui m’a le plus séduit, mais les deux autres valent
tout autant en qualité d’écriture et en plaisir de lecture. La
créativité de l’auteure, particulièrement brillante dans les
sociétés et
les cultures
qu’elle décrit, nous invite
à
une
véritable découverte
ethnographique en territoires inconnus. C’est
bien ce qu’on demande à la science-fiction, nous faire voyager,
non ?
Avec ce recueil de nouvelles, c’est une réussite !
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