Sassa
4e
de couverture :
« Les
mains des gorilles glissent sous leur veste. L’un deux se place
entre l’écervelée et le Cheik. Au premier geste brusque, on
rejoue “règlement de compte à OK Coral” dans le restaurant de
Burj Al Arab à Dubaï. »
L’Afrique,
le Moyen-Orient, L’Asie du Sud-est sont le théâtre d’attentats
terroristes. La tension monte entre les marines chinoises et
étasuniennes en Océan indien. Il suffirait d’une étincelle pour
déclencher un conflit majeur. Une personne détient la clé
permettant d’étouffer tout cela dans l’œuf, Lord Khamût Khan.
Deux agents des services secrets anglais sont envoyés à Dubaï pour
le rencontrer. Ils ignorent qu’une mystérieuse organisation va
tout tenter pour les empêcher d’accomplir leur mission.
Mon
avis :
La
couverture donne le ton : dans la tradition des Gérard de
Villiers, Josette Bruce, Claude Rank et autre Paul Kenny,
Sassa fait du roman de gare. N’en déplaise à ces messieurs
des salons littéraires, la littérature populaire n’a rien d’un
genre mineur. Le roman d’espionnage français a plus de cinquante
ans d’existence et même le fameux commissaire San Antonio, avant
de rejoindre la maison poulaga, a joué les barbouzes.
Bons
baisers de Dubaï est un
évident clin d’œil au cinquième roman de Ian Flemming (Bons
baisers de Russie)
mettant en scène James
Bond. D’ailleurs,
comme son célèbre prédécesseur, Alan et son coéquipier Howard
sont au service de Sa Majesté. Ils travaillent pour le MI6. On
retrouve également les ingrédients qui ont participé au succès du
premier : voyages
lointains, grosses voitures
(enfin, pas toujours), jolies filles et alcool à volonté. Ajoutez à
cela quelques gadgets à la pointe de la technique, des armes qui ne
demandent qu’à servir et un
minimum d’action, vous
voilà en plein roman d’espionnage…
Vu
sous cet angle, cela ressemble fort à un clone de James Bond…
Comme le Canada Dry, ça en a la couleur et le goût, mais ce n’est
pas du James Bond. Le héros de Ian Flemming est avant tout un homme
d’action alors que ceux de Sassa
sont plus dans
l’analyse. Les situations
géopolitiques sont également plus proches de l’actualité alors
que 007 vit des aventures beaucoup plus romanesques. D’une certaine
façon, Bons baisers de Dubaï
est plus réaliste.
Côté
style, l’auteur respecte les codes du roman de gare : c’est
rapide et facile à lire. On évite toutes questions existentielles
pour se concentrer sur l’action, ce
qui participe au rythme vivant et assez addictif.
Les situations et les
dialogues sont émaillés d’une
bonne dose d’humour, mais
certains jeux de mots et de sonorité paraissent
plaqués artificiellement sur le texte et
auraient mérité un peu plus d’affinage…
En
deux ou trois endroits, j’ai regretté que l’auteur ne développe
pas suffisamment. Il passe rapidement à autre chose, alors que le
fait précédent n’est pas complètement réglé.
Cela donne l’impression que ces scènes ont été ajoutées pour
tirer à la ligne. Un
exemple : le
moment où, marchant dans la tempête, l’Écossais se retrouve
assommé,
on ne comprend pas vraiment comment ça a pu arriver, et quand son
collègue le récupère, l’incident est aussitôt oublié, comme
s’il ne s’était rien passé…
Autre
point qui m’a interloqué : l’imprécision du rapport
temps/distance dans les déplacements. Lorsque
l’auteur annonce trente kilomètres à parcourir à pied, qui plus
est dans l’obscurité et un milieu difficile, on a du mal à ne pas
ressentir une certaine incohérence dans
la chronologie des actions suivantes.
Les
personnages semblent capables de parcourir ce trajet en trois ou
quatre heures alors que le double ne serait même pas suffisant. On
a beau être dans la fiction, c’est une fiction réaliste, alors ce
point de détail est comme
une verrue sur le visage de ces beautés slaves qui traversent ces
pages.
N’étant
pas
adepte de la politique du « à suivre » quand il s’agit
de romans de genre, je ne peux que déplorer que celui-ci se termine
sur une fausse fin, mais j’avoue que cet ouvrage m’a donné assez
de plaisir pour me pousser à lire Bons baisers de Jakarta
qui en est la suite.
Malgré
ces petits défauts, en
cette période estivale, plutôt qu’un roman de gare, ces deux
volumes feraient d’excellents romans de plage pour amateur
d’espions et de bouquins vite lus et sympathiques.
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