Toby
Barlow
Traduit
de l’américain par Emmanuelle et Philippe Aronson.
4e de
couverture :
Paris, 1959. Un homme est
retrouvé empalé sur la grille d’un jardin public. La Ville
lumière plonge dans les ombres, envoûtée par les babayagas,
sorcières venues du fond des siècles et des steppes russes.
L’inspecteur Vidot enquête. Mais qui se frotte aux babayagas s’y
pique, et voici bientôt notre Columbo des faubourgs transformé d’un
coup de baguette magique… en puce, contraint de poursuivre sa
diabolique et charmante ennemie en sautant de chien en rat. Son
chemin croisera celui du naïf Will Van Wyck, jeune publicitaire
américain expatrié travaillant à son insu pour la CIA et empêtré
dans un imbroglio dont seule l’ensorcelante Zoya semble pouvoir le
sortir − à moins qu’il ne soit sa prochaine proie…
Après
une entrée fracassante en littérature avec une épopée en vers
libres sur des meutes rivales de loups-garous à Los Angeles (Crocs),
Toby
Barlow
détourne cette fois le roman d’espionnage et les contes
folkloriques. Fable délirante menée tambour battant, entre Kafka et
Ratatouille, Boulganov et La Panthère rose, Babayaga
est aussi un grand roman sur les pouvoirs surnaturels de l’amour
et, à sa manière retorse, un grand roman féministe.
L’auteur :
Toby
Barlow
est américain, originaire de Detroit. Aujourd’hui, il vit à New
York, depuis qu’une grosse agence de publicité l’a recruté pour
qu’il s’occupe d’un gros client. D’un très gros client,
même, puisqu’il est chargé de l’image mondiale du constructeur
automobile Ford. Parce que son métier l’oblige souvent à
parcourir le monde, il est souvent confronté à ce phénomène que
les voyageurs connaissent bien : le décalage horaire. Alors
quand on est réveillé, à quatre heures du matin, dans une ville
qui dort, que faire ? Pour Toby
Barlow,
la réponse, c’est écrire.
Mon avis :
S’il vous reste vingt-trois
euros sur votre budget livre de ce mois, investissez-les dans
Babayaga. Si vous ne les avez plus, prenez-les ailleurs !
Privez vous de Nutella, reportez au mois prochain l’achat de
nouvelles chaussures, laissez la voiture au garage et roulez à vélo,
ou même, ne renouvelez pas vos antidépresseurs, ce livre fera aussi
bien l’affaire. Et si vraiment vous êtes coincé, et bien
empruntez-le à la bibliothèque…
Il y a des bouquins qui vous
filent la banane, Babayaga en fait partie. Oh ! j’entends
déjà quelques esprits chagrins ronchonner en catimini :
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Un
commissaire de police transformé en puce et qui poursuit son
enquête ? C’est du grand n’importe quoi ! »
Ben quoi ? Les sorcières
des contes de votre enfance ne faisaient-elles pas des trucs tout
aussi dingues ? Et puis si la littérature doit se contenter de
nous décrire le monde réel, autant regarder le journal de vingt
heures ou une chaîne d’info en continu.
Il souffle sur ce livre une
espèce de folie épique, de celles qui font les bonnes histoires, et
ces babayagas venues des légendes russes savent nous ensorceler avec
l’un des charmes les plus puissants qui soient… que je vous
laisse découvrir. Cette histoire mêlant espionnage et surnaturel
dans le Paris de 1959 est rocambolesque à souhait. On est happé par
le mouvement, les mouvements, devrais-je dire, de ces personnages. Au
début, ils sont comme au bord d’un tourbillon dont ils n’ont pas
conscience, qui va les prendre et les faire converger vers le même
point central qui finira par les engloutir. Le ton est toujours
léger, presque joyeux, mais jamais futile. À la manière d’un
message subliminal glissé dans une publicité, Toby Barlow
nous balance quelques réflexions dénotant d’une belle lucidité
sur la société en général et la place des femmes en particulier.
C’est superbement bien écrit (et bien traduit), c’est frais et
ça donne le sourire… Alors, n’attendez plus, lisez Babayaga !
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